C'est cette carte postale avec le bureau de poste au premier plan qui nous a donné l'idée de ce sujet et de son titre. Sa légende figure au verso : "Brive - Vue générale vers la Butte aux Tilleuls".
(Doc. delcampe.net)
En fait il en existe au moins deux autres portant une légende similaire.
*
La
"Butte aux Tilleuls" est cette butte de terre qui surplombe les voies du chemin de fer et la gare de
Brive, du coté sud, le long de la rue Moissan. Elle n'est pas vraiment
d'origine naturelle, puisqu'elle a été créée par amputation de la
colline, lors de la construction de ces voies et de la
gare, un peu avant 1860.
Le quartier qui commence juste à son sommet est connu sous le nom de "Le Tilleul". Ajoutons que la rue Henri Delsol qui la longe maintenant tout en haut est bordée d'une belle rangée de tilleuls, de plantation récente toutefois.
Le quartier qui commence juste à son sommet est connu sous le nom de "Le Tilleul". Ajoutons que la rue Henri Delsol qui la longe maintenant tout en haut est bordée d'une belle rangée de tilleuls, de plantation récente toutefois.
Une partie de la Butte aux Tilleuls vue depuis la passerelle, en 2017.
Elle a été largement plantée de conifères, pour permettre le maintien des terres.
(Cliché JPC - 23 février 2017)
Les images anciennes de ce quartier ne sont pas très nombreuses, et seulement très partielles. Les trois premiers clichés que nous allons vous proposer ont été pris à des époques différentes mais au même endroit, pratiquement en haut de la Butte. Il n'y a pas encore de rues, mais des chemins de terre ou recouverts de cailloux, à l'angle des actuelles rues Jean-Baptiste Delambre et Henri Delsol.
Le journaliste et écrivain Robert Margerit (1910-1988) a évoqué ce coin de notre ville dans un article intitulé "Souvenirs de Brive", publié le 25 avril 1937 dans le numéro 145 de la revue "La Vie Limousine". Il était en effet né avenue de la Gare et il y avait passé toute son enfance et son adolescence. "La Butte" faisait partie de ses terrains de jeu. Des nôtres aussi d'ailleurs, beaucoup plus tard, à partir de 1955 !
Le journaliste et écrivain Robert Margerit (1910-1988) a évoqué ce coin de notre ville dans un article intitulé "Souvenirs de Brive", publié le 25 avril 1937 dans le numéro 145 de la revue "La Vie Limousine". Il était en effet né avenue de la Gare et il y avait passé toute son enfance et son adolescence. "La Butte" faisait partie de ses terrains de jeu. Des nôtres aussi d'ailleurs, beaucoup plus tard, à partir de 1955 !
Voici donc de larges extraits du récit de Robert Margerit. Les images ont été intercalées par nos soins.
"Un
des lieux élus de notre enfance qui en garde une image embellie encore
par le recul du temps, fut la Butte. Aux étrangers ce nom ne dit rien :
la Butte aujourd'hui qu'elle a été entaillée, civilisée, il est
difficile d'y retrouver l'Alpe et l’Himalaya, la montagne des mystères
et des trésors.
Elle
dominait la gare et la passerelle de ses roides pentes herbues coupées
par trois corniches étroites entaillées dans la terre argileuse. On
accédait au sommet de cette croupe, soit par des marches consolidées de
rondins, soit, dans la direction d'Estavelle [sic], par une pente douce.
Vue générale sur la ville, les voies, la gare et sa marquise,
depuis la partie ouest du sommet de la Butte.
La pente douce d'accès citée par Robert Margerit est à gauche :
c'est l'actuelle rue Jean-Baptiste Delambre qui tourne vers le haut presque à angle droit, en direction de Chanlat.
Le chemin de droite, qui se poursuivait jusqu'à Bramefond, préfigure la rue Henri Delsol.
depuis la partie ouest du sommet de la Butte.
La pente douce d'accès citée par Robert Margerit est à gauche :
c'est l'actuelle rue Jean-Baptiste Delambre qui tourne vers le haut presque à angle droit, en direction de Chanlat.
Le chemin de droite, qui se poursuivait jusqu'à Bramefond, préfigure la rue Henri Delsol.
(Doc. delcampe.net)
Naturellement,
ces vulgaires procédés d'escalade n'étaient pas pour nous et à les
employer nous nous fussions crus aussi déshonorés que Tartarin à prendre
le funiculaire du Righi. Donc, on abordait franchement les pentes, de
toutes les forces de nos petites jambes, bravant les périls de l'abîme,
les vertiges, et qui sait, l'apparition possible de quelque animal
féroce descendu des sombres forêts du sommet. Car il y en avait des
animaux féroces ! Parfaitement ! Chacun de nous en avait vu à la lisière
des châtaigniers. Par exemple, ils n'apparaissaient qu'aux individus
isolés et, à chaque rencontre, chacun de nous apportait sur la
conformation de l'animal, un détail plus précis. C'est pourquoi nous ne
montions jamais là-haut que bien munis d'arcs en bambou et de bonnes
flèches.On organisait des battues au loup-garou. Cela se préparait de longue main. [...]
Nous sommes ici à peu près au même endroit que sur la carte précédente.
Aucune maison n'a encore été construite : sûr qu'il y a des animaux féroces dans le coin !
(Col. Maryse Chabanier)
Aucune maison n'a encore été construite : sûr qu'il y a des animaux féroces dans le coin !
(Col. Maryse Chabanier)
Nous trouvâmes d'excellents prétextes pour abandonner la chasse au loup-garou.
La
Butte n'avait pour cela rien perdu de son charme. Outre les
"roudoudous", ce jeu qui consiste à se coucher sur le coté en haut d'une
pente et à se laisser rouler comme un tronc d'arbre, il y avait la
perspective de la gare avec sa passerelle et toutes ses voies qui
s'allongeaient depuis le pont de la route de Saint-Antoine jusqu'à celui
d'Estavelle [sic].
Gare des voyageurs, gare des marchandises, grues et voies de garage,
postes d'aiguillage. N'y avait-il pas là de quoi captiver des
imaginations qui commençaient de s'ouvrir aux merveilles de la
mécanique.
Toujours approximativement au même endroit et toujours la même vue.
La passerelle est plus à droite.
(Cliché Henri Crouzette - Doc. AD19 cote 7Fi 0181)
[...] La Butte était devenue un observatoire. Nous nous asseyons le long des sentiers en corniche, jambes pendantes, pour regarder inlassablement arriver et partir les trains. Une petite machine au corps de laiton - pièce de musée maintenant - jaune et trépidante, faisait la manœuvre. Elle allait chercher des wagons, montait se faire aiguiller au poste du petit chemin de Chèvrecujols, ramenait des rames sur les voies de la gare aux marchandises où une grue les déchargeait. Or bien c'était la manœuvre des plaques tournantes qui suscitait nos admirations. Le trafic des express nous touchait peu. Plus tard, seulement nous découvrîmes l'oppressante poésie de ces flèches lancées d'une frontière à l'autre, avec leurs charges de rêves et de souffrances, plus tard, beaucoup plus tard ...".
D'autres cartes postales nous laissent entrevoir, dans leur angle inférieur droit, un bout herbeux du bas de la Butte, et surtout le spectacle dont se délectait Robert Margerit.
Sur l'une d'entre elles la passerelle est visible. La rue Moissan n'est encore qu'une piste de terre, plus ou moins praticable.
Sur l'une d'entre elles la passerelle est visible. La rue Moissan n'est encore qu'une piste de terre, plus ou moins praticable.
(Doc. delcampe.net)
Et voici pour terminer un autre aspect de la Butte vue depuis son sommet, dans un secteur légèrement différent, en direction du pont de la Croix Saint Jacques.