La statue de cet illustre enfant de Brive a très souvent été reproduite en cartes postales. On notera, parmi celles que nous avons choisies que sur les deux dernières, les pieds du Maréchal sont recouverts de couronnes, sans doute de verdure.
Nous avons complété la page par une gravure le représentant, par la carte de sa maison natale (qui apparait déjà sur notre site dans la rue Majour), et par la reproduction d'un tableau du peintre alsacien Jean-Jacques Scherrer, alors qu'il était exposé au musée Ernest Rupin (il est aujourd'hui au Musée Labenche), qui évoque son assassinat à Avignon le 2 août 1815.
A noter que la photographie de ce tableau publiée page 23 dans "Regards sur le Passé de Brive" est présentée à l'envers.
(Col. JPC/net)
"BONUS 1"
L'INAUGURATION DE LA STATUE DU MARÉCHAL BRUNE
(Doc. AD19 - bibliothèque - cote BR 3179)
La statue, créée par le célèbre sculpteur François Lanno et fondue
par l'atelier parisien de Messieurs Soyer et Ingé, avait été exécutée
aux frais de la Ville avec le concours d'une souscription nationale.
Haute de 2,40 m, elle a parfois été qualifiée de "colossale".
La suite du récit est extraite de la plaquette. Les deux images ont été ajoutées par nos soins. La statue "était arrivée à Brive le 23 septembre 1841. Elle fut immédiatement placée sur son piédestal [élevé sur la place de la Guierle], mais resta recouverte d'un voile jusqu'au 3 octobre, jour fixé pour l'inauguration. Sur deux plaques en marbre blanc adaptées au piédestal sont gravées, en lettres d'or, les deux inscriptions suivantes :
A BRUNE
né à Brive le 13 Mai 1763
mort à Avignon le 2 août 1815
Ses FRERES D'ARMES
Ses CONCITOYENS
_____ PACIFICATION DE L'OUEST
AMBASSADE DE CONSTANTINOPLE
Et sur les quatre frises sont
inscrits les noms des principales campagnes du Maréchal : Helvétie, Le
Helder, Italie, Poméranie. Dans deux couronnes placées à droite et à
gauche de ces noms glorieux sont inscrites les principales victoires de
ces campagnes : Fribourg, Neueneck, Bergen, Kastricum, Mincio, Adige,
Stralsund, Danholm.
Toutes les dispositions
avaient été prises par l'autorité municipale pour rendre cette fête
digne de son objet. Des détachements de troupe et un corps de musique
fourni par les garnisons de Tulle et de Périgueux, la garde nationale et
la gendarmerie, servaient à la police et à l'ornement de la fête.
Autour
de la statue s'élevait en amphithéâtre une estrade circulaire surmontée
de drapeaux où étaient inscrites en lettres d'or les noms des armées
que Brune avait commandées en chef et ceux de ses principales victoires.
Ces drapeaux en grand nombre offraient le spectacle le plus imposant.Un portrait de Brune
(Doc. Archives municipales de Brive - cote 40S 39)
Dès le samedi 2 octobre on
voyait à Brive une affluence extraordinaire de personnes accourues de
toutes les parties de la France. A onze heures du matin, un service
funèbre fut célébré dans la grande église qui était tendue de draperies
noires du milieu desquelles se détachaient les couleurs nationales. Sur
un catafalque magnifique étaient les insignes du héros.
Le dimanche 3 octobre à midi le cortège se réunit à l'Hôtel de Ville".
Suit, sur presque une page, la liste des personnalités présentes, que nous vous épargnerons. "A une heure, le cortège [...] se dirigea par la rue Toulzac vers la place de la Guyerle [sic],
à travers une immense foule de population. Dès qu'ils ont pris place
sur l'estrade, la statue fut découverte. Aussitôt les cris de Vive Brune !
éclatèrent de toute part, et un frémissement d'enthousiasme saisit
l'immense assemblée. La musique militaire, le bruit des tambours et du
canon se mêlaient aux acclamations de la foule".
Et puis vint l'heure des discours, longs, très longs. Prirent successivement la parole :
- Mr Dubousquet, sous-préfet de Brive;
- Mr Meunier, Préfet de la Corrèze;
- Mr le Colonel Bourgoin, ancien aide de camp du Maréchal;
- Mr Dupin, ancien président de la chambre des députés, procureur
général près de la cour de cassation, Grand Croix de l'Ordre royal de la
Légion d'Honneur, président de la commission de souscription pour la
création de la statue.
- Mr Charles Rivet, député de la circonscription;
Tous retracèrent la carrière du Maréchal et louèrent ses mérites. L'émotion était grande.
"Une salve d'artillerie annonça le départ du cortège qui se rendit à l'église où le Te Deum fut chanté par tout le clergé de la ville et des environs, ayant à sa tête Mr l'abbé Desbrulys, Grand Vicaire, délégué de Monseigneur l’Évêque de Tulle". [...] "Un banquet de 300 couverts
avait été préparé dans le vaste local de Petit Séminaire. Les principaux
personnages du cortège y assistaient et toutes les classes de la
population y avaient leurs représentants".
A la fin vinrent les toasts, nombreux, très nombreux !
La soirée se termina par un bal public et une illumination générale de la ville. La signature du Maréchal Brune (Doc. e-bay) (1° juillet 2017) |
"BONUS 2" L’ÉPÉE DE BRUNE
On la remarque sur quelques unes des cartes postales du haut de cette page : il la tient de sa main gauche, tandis que du côté droit il empoigne son bâton de Maréchal de France. Cette épée, peu le savent, fait depuis longtemps partie du patrimoine de Brive. Le docteur Grillière, qui fut Président de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze lui a consacré un court article dans le bulletin de cette société daté de janvier-avril 1924. On y apprend que cette magnifique arme historique avait été offerte à notre compatriote par le Maréchal André Masséna le 18 fructidor an VIII (6 septembre 1806), ainsi qu'en témoigne un cartouche figurant sur son fourreau : "André Masséna, en hommage à son frère d'armes Guillaune-Marie-Anne Brune, 18 fructidor an VIII". La poignée de l'épée du Maréchal Brune. Cette photo est celle qui illustrait l'article du docteur Grillière. Elle avait été empruntée, avec autorisation, à la revue L'Illustration. L'original du cliché est présenté ci-dessous. Cette épée, écrit l'auteur, se trouvait dans les bagages de Brune, au moment de son assassinat le 2 août 1815. Elle fut recueillie par un grenadier de la vieille garde; celui-ci la remit plus tard au Commandant Blaise Degand, qui était aide-de-camp du Maréchal et l'escortait à Avignon. Elle entra ensuite en possession d'un chercheur et grand collectionneur, M. Jacques-Eugène Barbet de Vaux, Vice-président de la fédération des cuirassiers de France, qui possédait par ailleurs de très nombreux souvenirs du Maréchal : un chapeau de grande tenue, un beau bâton à poignée sculptée, des éperons d'or, une ceinture de commandement, une paire d'admirables pistolets damasquinés d'or, ainsi que son sabre de Maréchal de France, une arme de combat qui, précise l'auteur, avait beaucoup servi, ainsi que le prouve l'usure de la chape. Tous ces objets avaient fait l'objet d'une exposition à Brive, où Mr Barbet de Vaux était né en 1871 : sa famille dit l'auteur s'y était réfugiée pour fuir l'invasion des barbares. Mais le plus beau de tous ces objets était sans conteste l'épée du Maréchal. Elle date du XVIII° siècle. Elle est aux armes de Savoie surmontées d'une couronne princière, du modèle à clavier et à l'anglaise, et de travail italien d'une grande pureté de style. La ciselure est incomparable; toute la garde est en vermeil; la poignée en nacre comporte des attributs en relief, avec, au centre, un médaillon représentant Minerve casquée; des palmettes sont à la base. Une tête de lion incurvée tient dans sa gueule la partie supérieure de la branche, elle-même ciselée avec des motifs de feuilles de chêne et des palmettes entourant une étoile. Les montants de la poignée sont en vermeil ciselé avec une croisière et une étoile au centre. Le fourreau de l'épée est en cuir noir avec cuvette en bronze ciselé, dard, et bouton orné d'une palmette. C'est là qu'on trouve aussi le cartouche que nous avons déjà signalé. L'épée du Maréchal Brune ===> Voici l'original du cliché du haut de page, tel que publié dans la revue L'Illustration en 1923. (Col. JPC - Cliquez sur l'image pour l'agrandir) Si le Docteur Grillière indique bien que Mr Barbet de Vaux a fait cadeau de cette pièce exceptionnelle à sa ville natale, c'est dans le journal Le Figaro en date du 5 novembre 1923 (consulté par nos soins dans Gallica.BNF) que nous avons trouvé les compléments d'information qui nous manquaient. L'épée de Brune a été officiellement remise à la ville de Brive par M. Barbet de Vaux, en présence du Président Poincaré, le 4 novembre 1923. C'était lors de la deuxième visite que celui-ci fit dans notre ville, alors qu'il était Président du Conseil. Il était venu inaugurer le Monument de la Victoire sur la place Thiers (nous avons déjà relaté cette visite dans un BONUS, au bas de cette page : CLICK ). Quelques détails complémentaires nous sont fournis : "Cette épée fut donnée à Brune par Masséna, lorsque celui-ci lui transmit ses pouvoirs de général en chef de l'Armée d'Italie". "Cette pieuse relique figurera désormais dans le musée de Brive, qui ne possédait jusqu'ici aucun souvenir du plus illustre de ses enfants". Après avoir été une des plus belles pièces du Musée Ernest Rupin, l'épée de Brune est maintenant conservée au Musée Labenche. On peut la voir dans la salle consacrée aux Hommes Illustres. © L'épée du Maréchal Brune avec son fourreau (parties supérieures). (Cliché et collection Ville de Brive - Musée Labenche) La dragonne est partiellement enroulée sur la branche de garde. © L'épée du Maréchal Brune avec son fourreau, dans leur entier. (Cliché et collection Ville de Brive - Musée Labenche) L'épée est ici vue du coté intérieur : cette face de la poignée de nacre n'a pas de motifs de décoration. La branche de garde est cachée par la dragonne.
Ajoutons que le Musée Labenche présente aussi dans la même vitrine l'étui du bâton de Maréchal de cet enfant de Brive.
(15 mars 2020) |