- la Providence


 
PRÉAMBULE :

Caché derrière de très hauts murs, le vieil établissement briviste alors dénommé "Orphelinat de La Providence" est longtemps demeuré inconnu du grand public de notre ville, même si son importante activité est depuis l'origine reconnue et appréciée des pouvoirs publics.

Le mur de clôture a heureusement été abaissé en façade à la suite des travaux consécutifs à un incendie qui a ravagé l'établissement en 1991, et dont nous reparlerons : le magnifique bâtiment qu'il occupe depuis 1865 sur le boulevard du Salan, devenu boulevard Jules Ferry, apparaissait enfin à la vue des brivistes; des articles que la presse locale lui a consacré, en ces moments difficiles, ont aussi aidé à le faire connaître.
De 2014 à 2017 il sera ouvert à la visite à l'occasion des Journées du Patrimoine. Le public, friand de découvertes, s'y est pressé.

Une carte postale bien connue : La Providence en 1907.
On remarque les hauts murs de clôture et le massif portail d'entrée,
percé d'un portillon (Doc. delcampe.net)

En 2016 une superbe exposition à son sujet a été présentée aux Archives municipales, organisée conjointement par le personnel des Archives, le conseil d'Administration de La Providence et la très active "Association des Anciennes, Anciens et Amis" de l'établissement.
Le journal La Montagne aussi, dans ses éditions des 6 mai 2015 et 13 juillet 2017 a présenté deux longs articles essentiellement centrés sur les missions actuelles de la Providence.

Notre page, qui va se révéler très longue, vient en quelque sorte en complément de toutes ces actions d'information et de communication.
Elle a été réalisée, en grande partie, à partir d'un long travail de recherche effectué par un petit groupe d' "Anciennes" dans les archives de l'établissement. Une plaquette de présentation en a été tirée. Dans notre première partie nous allons la reprendre, presque dans son intégralité, tout en ajoutant des compléments issus de nos propres recherches aux Archives départementales. De même, les principales photographies d'autrefois de cette page ont également été rassemblées par les "Anciennes" (mention "Col. AAAA" pour "Association des Anciennes, Anciens et Amis de La Providence"). Ce sont souvent de vieilles diapositives qui avaient été éditées sur papier, et qui ont été photographiées à nouveau en numérique.
Nous glisserons aussi quelques détails complémentaires puisés dans l'ouvrage de l'historien Pierre Pérol, publié en 1962, sous le titre "Histoire religieuse de Brive-la-Gaillarde" (pages 227 et 228).

S'agissant à l'origine d'un établissement religieux, des éléments assez nombreux rappelant cette caractéristique seront naturellement présents tant dans notre texte que parmi nos illustrations.




1 - L'HISTOIRE DE LA PROVIDENCE

L'histoire de l’œuvre de la Providence débute à Brive en 1840. L'abbé Paul Graffeuil, alors aumônier du couvent de Sainte-Ursule, et l'abbé Joseph Barrière, curé de Saint-Martin, installent dans un étroit local deux demoiselles charitables chargées d'accueillir pendant la journée des jeunes filles pauvres ou orphelines. Elles les occupent à des ouvrages de couture et leur délivrent des notions éducatives élémentaires.

Grâce à des dons et des legs, un bâtiment est acheté rue des Frères (actuelle rue Blaise-Raynal, au numéro 5), suivant acte notarié du 25 mai 1845. Ce bâtiment a vocation d'orphelinat et d'ouvroir. La structure est administrée par un comité composé de dames patronnesses et présidée par le curé de Saint-Martin. L'encadrement est confié à deux religieuses de la congrégation des sœurs de la Providence de Portieux qui seront remplacées en 1848 par trois sœurs de la Charité de Nevers. Les sœurs doivent rendre compte au comité des sommes qu'elles reçoivent pour le besoin des orphelines et celui de l'établissement ainsi que du produit de leur ouvrage. De même un état des lieux et un inventaire sont réalisés chaque année. L'orphelinat compte un ouvroir pour les grandes filles et une école pour les plus jeunes; elles y restent jusqu'à la majorité; elles sont entre 50 et 60. L'établissement reçoit en plus des jeunes filles externes qui viennent à l'ouvroir pour apprendre à lire et à coudre.


Le bâtiment
du 5 de la rue Blaise-Raynal,
à l'angle de la rue du Salan.
Au cours des dernières années,
il a été occupé par
des services municipaux.
Il est aujourd'hui en vente.


(Clichés JPC - 2 juin 2018)


La porte d'entrée est (toujours) surmontée de deux lettres majuscules entrelacées A. M.
(Ave Maria)
coiffées d'une Croix.
(voir la photo ci-dessous)




Sœur Marie Combette, supérieure très active et attentive aux besoins de ses pensionnaires, s'est démenée pour que les jeunes filles en nombre croissant puissent bénéficier d'un jardin et d'une grande cour. Le comité de l’œuvre achète donc en 1865 à la marquise de Corn le terrain sur lequel sera bâti l'établissement actuel. Il est situé boulevard des Frères, qui deviendra le boulevard du Salan, puis le boulevard Jules Ferry, et fait suite à l'hôtel particulier de la famille de Cosnac devenu sous-préfecture. Monsieur Dumas, architecte de la ville, est chargé de dresser les plans et de diriger les travaux de construction de ce nouveau bâtiment.

A droite, la sous-préfecture, en arrière-plan, La Providence. Nous sommes là en 1907.
(Doc. delcampe.net)

Le 9 novembre 1867, sous l'empereur Napoléon III, l’œuvre charitable bénéficie d'un décret d'utilité publique qui lui confère une existence légale sous le titre d’Oeuvre de la Providence.

Le 11 novembre 1869, trente pensionnaires (leur nombre doublera rapidement), s'installent dans le nouvel immeuble dont on admire encore le magnifique ensemble. La chapelle de l'établissement sera aménagée un peu plus tard sur le coté droit de l'établissement. Selon Pierre Pérol, elle servira d'ambulance (hôpital temporaire) pendant la guerre de 1870. Et l'historien ajoute que lors de travaux ultérieurs, on y trouvera des inscriptions faites par les soldats qui y furent soignés.

En 1882, la loi Ferry est promulguée : les jeunes filles doivent désormais fréquenter l'école, de l'âge de 6 ans, à l'âge de 13 ans. Auparavant, l'enseignement scolaire était dispensé sur place par les religieuses.

Le chauffage central est installé dans l'établissement entre 1936 et 1937.

En 1944, sœur Jeanne Moitié, mère supérieure, obtient l'agrément de l’Éducation Nationale pour le cours ménager qu'elle fonde. Ce cours est ouvert aux jeunes filles de la Providence ou venues de l'extérieur. Un CAP de couture et de lingerie est délivré après 2 ans d'études (en 1968, ce cours recevra la collaboration de monitrices laïques). L'école fonctionnera jusqu'à sa fermeture en 1971.
Toujours en 1944, des avions allemands vinrent à plusieurs reprises pour bombarder la ville. Au cours de l'un de ces bombardements qui visait la sous-préfecture, une bombe est tombée dans le parc de l'orphelinat, juste devant le puits (qui existe toujours, mais qui est comblé pour raisons de sécurité), en créant un trou énorme. Mais il n'y eut aucune victime, ni, à part le chevet et le chœur de la chapelle bien abîmés, aucun dégât aux autres bâtiments. Les sœurs, en reconnaissance, ont fait installer dans la cour une statue de la Vierge protégeant deux enfants dans les plis de son manteau. Elle a été détruite par les intempéries, mais son souvenir demeure grâce aux photographies. Elle avait été précédée d'une autre statue, provisoire, installée au même endroit jusqu'en 1948.



<== La première statue de la Vierge,

au centre de la cour, jusqu'en 1948.




La Vierge, au centre de la cour, 

après 1948. ===>

 Elle protège les enfants et rappelle


"le miracle de la bombe".




(Col. AAAA)


En novembre 1947, le Préfet de la Corrèze donne à l’œuvre une habilitation pour recevoir de jeunes mineures en danger moral.

On peut lire dans le numéro 271 de l'hebdomadaire La Vie Corrézienne daté du 4 décembre 1949 :
" La Providence a 100 ans : le 5 novembre 1949 fut célébré le centenaire de la fondation de La Providence, rue du Salan à Brive. A l'occasion de ce centenaire, d'intéressantes modifications et améliorations furent faites à l'établissement, particulièrement à la chapelle. Son excellence Mgr Chassaigne, évêque de Tulle voulut bien présider cette fête et signaler ainsi le grand intérêt que mérite l’œuvre admirable dirigée par les sœurs de Nevers". Suit un résumé de l'action de ces dernières, au nombre de 28 sur Brive, qui se dévouent en outre à l'orphelinat Dumyrat, à l'hôpital de la ville et à l'institution Jeanne d'Arc.

La communauté des religieuses de La Providence en juin 1966 :
travaux de broderie pour alimenter vente de charité et tombola (Col. AAAA).

Les ressources de l'œuvre ont été assurées pendant plus de 100 ans par les travaux de l'ouvroir alimenté par les ouvrages des jeunes filles, religieuses et dames bénévoles, par les dons et legs, et une vente de charité annuelle accompagnée d'une tombola.


Trois photos d'une vente de charité. On remarque en particulier à droite les nombreuses et superbes broderies en tous genres proposées aux visiteuses.

(Col. AAAA)




En 1971, l'établissement bénéficie d'un prix de journée.
Le Centre d'Action Éducative voit sa création en 1972 et l'arrivée des premiers éducateurs spécialisés. Il était divisé en trois sections : une maison d'enfants de 44 places, un service d'accueil de 9 places et un foyer de semi liberté de 15 places.

En 1973, Monsieur Boutot (l'ancien pharmacien bien connu de l'avenue de Paris) devient le premier président laïque du conseil d'administration du Comité de l’œuvre de la Providence, devenu Association de l’œuvre de la Providence. Il succédait au Chanoine Meyssignac, dernier curé de Saint-Martin à avoir assuré cette fonction.

Le processus de laïcisation se termine avec le départ des sœurs de Nevers, et l'accueil en 1978 du premier directeur entouré d'une équipe pluridisciplinaire.

La Providence : une vue de la façade (Col. AAAA).

De 1980 à 1984, d'importants travaux de restructuration du bâtiment sont réalisés par tranches. Les effectifs sont diminués, pour une meilleure efficacité : 44 places intramuros et 6 places extramuros.

En 1987, un premier garçon est accueilli. La mixité a pour but de ne pas séparer des frères et des sœurs.
L'établissement reçoit également un agrément pour l'accueil en urgence d'une mère de famille avec enfants, afin de répondre à une situation de crise momentanée, en maintenant les liens habituels (scolarité, travail, etc...)

Le dimanche 22 septembre 1991, un incendie déclenché par la foudre endommage gravement le bâtiment. Les pensionnaires sont heureusement absents.
















L'incendie de 1991 : du toit, il ne reste plus que les poutres calcinées. Tout l'intérieur a brulé. (Col. AAAA).

Les enfants sont hébergés le soir même à l'hôtel du Chêne Vert, juste en face, puis à "La Grange du Perrier" à Lissac avec la mise en place d'un ramassage, et finalement installés à l'hôtel voisin "Le Régent".

L'hôtel-restaurant "Le Régent", au bas de l'avenue Alsace-Lorraine, tout près de La Providence.
C'est aujourd'hui "Le Collonges" (Doc. delcampe.net)

Les travaux de reconstruction vont durer trois ans, période pendant laquelle l'établissement continue de fonctionner.

En 1993, l'établissement est autorisé à poursuivre son action, avec 20 places d'accueil en internat (Foyer), 15 places en accompagnement progressif en milieu naturel (APMN) et 3 places en tant que Centre Maternel, dénommé Accueil Mère de Famille (AMF).

C'est en janvier 1994 que les enfants réintègrent des locaux neufs et adaptés à leurs besoins. L'inauguration officielle du Centre d'Action Éducative de la Providence a lieu le 27 mai de cette année là.

En 2014, l'établissement expérimente un nouveau secteur de 5 places pour les Mineurs à Besoins Spécifiques (MBS), sur demande du conseil départemental du 21 juillet. Ces places viennent en déduction du quota APMN.

En 2018, la situation de La Providence est la suivante. Elle a le statut de "Maison d'Enfants à Caractère Social", une MECS. Elle comprend deux services : un service pour les jeunes mineurs de 22 places, et un service APNM (service tendant à l'Autonomie Progressive des jeunes, pour mineurs et jeunes majeurs) de 15 places, soit 37 places au total.
Elle est soumise à deux autorités de contrôle qui sont aussi ses financeurs, le Conseil départemental, et la Protection judiciaire de la Jeunesse.
L'ensemble immobilier appartient à l'association La Providence, dirigée par un conseil d'Administration que préside  Françoise Rabia. L'association est gestionnaire de l'établissement. Elle possède une autorisation d'ouverture, ainsi qu'une habilitation pour ce faire. Elle emploie 38 salariés. Le budget annuel est d'environ 1 950 000 euros.

Ainsi, depuis sa création, La Providence a toujours sû s'adapter, évoluer et répondre par ses diverses formes d'accueil aux besoins et aux demandes de la société, toujours dans le but de venir en aide aux enfants défavorisés.



2 - DES VUES D'ENSEMBLE
ET QUELQUES COINS DE L’ÉTABLISSEMENT AU COURS DES TEMPS


Commençons la visite par quelques vues extérieures. Suivez le guide ! (Clichés JPC des 19-9-2014 et 19-6-2018).

















La façade du bâtiment.






<=== L'entrée principale
de La Providence.





Sur le coté droit,
l'entrée principale
de la chapelle.  ===>

























Vues de l'arrière. A gauche, sur l'image de gauche, le chevet de la chapelle et l'ancienne sacristie.

Une vue plus ancienne de l'arrière de La Providence sur laquelle apparait le puits
devant lequel la bombe est tombée en 1944, et un bâtiment annexe, à droite, aujourd'hui détruit,
qui autrefois servait, suivant les époques, de salle de classe ou de préau (Col. AAAA)

*

Et voici le parc, avec ses arbres devenus majestueux (Clichés JPC - 19 juin 2018). L'enclos couvre au total une surface de 7 000 mètres carrés.















Dans la partie droite du parc une longue allée de tilleuls ==> prend naissance. Elle abouti à un rocher qui était autrefois une reproduction de la grotte de Lourdes. La statue de la Vierge, dans l'alvéole supérieure droite n'est aujourd'hui plus en place.


















Restons encore un moment à l'extérieur. Dans l'avant-parc, en façade, le long du boulevard, on peut découvrir l'ancien lavoir de l'établissement. Il était alimenté par une source d'eau potable. Quelques personnes de la ville venaient d'ailleurs s'y approvisionner. En 1902, la Mère supérieure l'avait fait couvrir, et avait réglé la facture à l'aide de dons. Il a servi à la lessive de l'établissement jusqu'à l'arrivée de la machine à laver. Quelques anciennes se souviennent que dans les années 1960 il subissait un grand nettoyage annuel, par les pensionnaires qui s'y ébattaient joyeusement.
Une vieille stèle, dressée contre le mur de clôture rappelle brièvement son origine : "Lavoir donné par Mme Henry du Prieur - 1878". C'est le seul des anciens lavoirs de Brive qui subsiste aujourd'hui.


(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Le lavoir.

(Clichés JPC - 19 septembre 2014 et 19 juin 2018)


*
La visite intérieure va commencer par la chapelle. Autrefois la messe y était célébrée au moins deux fois par semaine. Les offices étaient ouverts aux fidèles venus de l'extérieur. Les pensionnaires constituaient une chorale qui se produisait en particulier lors de la messe de minuit à Noël. En voici plusieurs clichés pris au cours des dernières décennies. Le plus ancien est une photo de presse, de très mauvaise qualité, qui remonte à l'année 1930.

A gauche du maitre-autel richement décoré à l'occasion de Noël 1930, on devine, plus qu'on ne voit,
la modeste crèche réalisée avec les enfants.
(Extrait de La Croix de la Corrèze n° 1944 du 28-12-1930 - Doc. AD19 - cote 68Pr27)

Arrêtons nous un instant sur cette mauvaise photographie, pleine d'intérêt toutefois. On y voit sur la droite l'autel en bois dont on retrouve trace dans un vieux registre intitulé "La Providence - Registre de la Communauté et entrée des sœurs de la Providence de Brive", dans lequel on lit :           
"1889 – Dans le courant du mois de mai, nous avons placé l’autel en bois dans notre chapelle, il a été sculpté par Mr Ribes, il a coûté 556 francs, Madame Roche de Leymarie a donné 250 francs et sœur Basile Marfan supérieure a payé le reste, l’ancien autel a été vendu à Mme de Lépinay pour l’église de Lissac, il a été estimé à 50 francs".
Un peu plus loin, on trouve dans le même registre :
"1893 - Madame Leymarie nous a fait cadeau de l'expositoire en bois sculpté par Ribes qui est assorti à l'autel".

Sur notre vieux cliché, on distingue des sculptures de Saints, traitées en demi relief et séparées par des colonnettes. Cette image est sans doute la seule qui existe encore de l'autel réalisé par Vincent Ribes, le sculpteur briviste que nous avons déjà présenté sur notre site ici : CLICK.
Quant à l'expositoire, il nous a posé un problème non résolu à ce jour : nous n'avons pas réussi à trouver la signification de ce mot, en tant que nom commun, ni dans les dictionnaires, ni sur Internet, ni auprès des personnes particulièrement qualifiées que nous avons interrogées. Formulons donc une hypothèse  : ce pourrait être le petit pupitre placé généralement sur l'autel, et qui soutient le lectionnaire (livre liturgique qui contient les textes religieux lus à l'occasion des cérémonies, la messe en particulier). Un accessoire dont la réalisation était tout à fait dans les cordes de Vincent Ribes !

Et puisque nous sommes dans les hypothèses, en voici une seconde : l'ancien maître-autel de l'église de Lissac dont la photo suit, relégué dans les années 1950 dans une chapelle latérale au profit d'un autel en pierre sans grand caractère, restauré en 2014, pourrait bien être le vieil autel de la chapelle de La Providence, racheté par Mme de Lépinay. Mais de cela nous n'avons aucune preuve.

L'autel en bois d'une chapelle latérale de l'église Saint-Pierre-aux-liens de Lissac,
peut-être la partie basse de l'autel de La Providence d'avant 1889 (Cliché JPC - 28 juin 2018).

L'autel de Vincent Ribes sera quant à lui remplacé, en 1949, par un autel en pierre de couleur crème, très sobre, d'un dessin très pur, qui se détachait sur un fond de draperies aux teintes liturgiques. On ne sait quel sort lui a été réservé. Si certains de nos lecteurs sont en mesure de l'identifier dans quelque église corrézienne où il aurait survécu, nous sommes preneurs de l'information !
Rappelons que 1949 est l'année où, nous l'avons vu plus haut, d'importantes modifications et améliorations ont été effectuées dans la chapelle, quelque peu abîmée lors du bombardement de 1944 (seules les réparations les plus urgentes avaient été faites à l'époque). Ces travaux ont été effectués sous la direction du R. P. Odilon, moine-architecte, bénédictin de l'abbaye d'En Calcat dans le Tarn. Le chœur de la chapelle qui apparait sur notre vieille photo de presse est ainsi très différent de celui des cinq images plus récentes qui suivent.

Vue d'ensemble de l'intérieur de la chapelle, en direction du chœur :
l'autel en pierre de couleur crème, tout neuf, sera consacré le 5 novembre 1949.
 (Doc. delcampe.net)












(Col.
AAAA)



Gros plan sur l'autel en pierre mis en place en 1949 (Col. AAAA)

Le chœur de la chapelle, lors des Journées du Patrimoine 2014 (Cliché JPC).
Au second plan on y voit l'ancienne table de communion, ressortie pour l'occasion.
Elle apparait pour la première fois dans l'inventaire de 1903; elle avait été offerte par Mme Firmin-Desroches.
Elle pourrait bien être, elle aussi, l’œuvre de Vincent Ribes,
tant elle a de ressemblances par ses formes avec l'autel en bois présenté plus haut.
C'est la troisième hypothèse que nous formulons au cours de ce récit.


Aujourd'hui, l'ancienne chapelle, munie d'un équipement audio-visuel complet est vouée à la culture. Elle est régulièrement utilisée, à la demande, comme salle de réunion, de réception, de conférences ou d'expositions.


*

Nous en arrivons aux principaux lieux de vie.
















Le dortoir des petites. Poupées et ce qu'on appelait pas encore "doudous",
sont bien en place sur les lits, prêts à aider les gamines à s'endormir (CoL. AAAA).

Aujourd'hui, chaque pensionnaire dispose d'une chambre individuelle avec sanitaires.

Les douches (Col. AAAA)

Une salle de classe (Col. AAAA)

L'escalier menant vers les étages, qui rappelle de bons souvenirs aux "anciennes" que nous avons rencontrées.
(Col. AAAA)

La cuisine. A gauche, deux "grandes" mettent la main à la pâte ! (Col. AAAA)















Le parloir (Col. AAAA)

Le parloir, dont on ne voit ici qu'une petite partie, mérite lui aussi que l'on s'y arrête un instant.
Dans un angle, sur un meuble, était installée cette superbe piéta ancienne en bois. Elle a une histoire, une légende peut-être ????, que nous ont racontée les "anciennes".
Cette Vierge était autrefois au calvaire du cimetière du Puy Saint-Clair à Tulle. Pendant la Révolution de 1793, elle fut renversée et jetée dans la rivière La Solane. Mme Baluze voyant flotter cette Vierge sur l'eau se jeta dans le rivière pour la sauver. Sa petite-fille, Mme Gayral en a fait don à La Providence le 12 août 1892.
Cette piéta a aujourd'hui disparu.          



3 - LA VIE A LA PROVIDENCE, DU TEMPS DES SŒURS

Les "anciennes" que nous avons rencontrées y ont vécu à l'époque où les sœurs étaient encore à la tête de l'établissement. Certaines y ont passé quelques années seulement, d'autres toute leur enfance et leur adolescence, jusqu'à leur majorité. Voici quelques uns de leurs souvenirs que nous avons recueillis.

Toutes insistent sur un point capital : elles ont été heureuses à La Providence. L'ambiance y était familiale - une bien grande famille - une ambiance que les sœurs de la Charité de Nevers, s'attachaient à maintenir.

Un groupe des religieuses de La Providence, autour de la mère supérieure (Col. AAAA)

Lors de son arrivée dans l'établissement, chaque fillette se voyait confiée à une "grande", qui en quelque sorte lui servait de marraine ou de guide, et l'initiait à la vie en communauté.

Ben sûr, comme dans toute grande famille, chacune selon son âge et ses possibilités devait participer aux travaux généraux. C'est ainsi que les grandes donnaient le biberon aux bébés, faisaient la toilette des plus jeunes. Chacune faisait le ménage, participait à l'épluchage des pommes de terre, à la préparation des repas, ou à la vaisselle, la lessive, le repassage, ou encore chargeait la chaudière, gloutonne en charbon.                                            
Ce n'était pour aucune une contrainte, tant c'était une activité tout à fait normale, une habitude, voire même un jeu pour certaines.

Un groupe de jeunes pensionnaires (Col. AAAA)

Une autre activité habituelle des enfants se passait à l'extérieur. L'établissement disposait en effet d'un grand jardin potager et d'un verger qui pourvoyaient à l'alimentation de toute la communauté. Chacune - les religieuses comme les fillettes - participait au travail de la terre, au désherbage, et à l'entretien du parc.
L'ordinaire, au point de vue alimentaire, était de plus agrémenté par le don de leurs invendus que faisaient bon nombre de commerçants brivistes amis de l'institution. Et certaines se souviennent encore aujourd'hui des livraisons régulières fort appréciées, des pâtisseries de la Maison Compagnon ! !

Et puis il y avait les travaux de couture, l'ouvroir et la vente de charité qu'il fallait alimenter. Des habitants de la ville venaient se faire confectionner ici robes, chemises, manteaux, pantalons, ... Leur vente constituait alors une bonne part des ressources de l'établissement.

Ces activités nombreuses et variées se faisaient en plus de la formation dispensée sur place à l'école ménagère jusqu'en 1971, ou dans les écoles et collèges de la ville, publics ou privés.

          Une belle équipe de pensionnaires en grande tenue, avec les religieuses (Col. AAAA)

Il y avait aussi des distractions et des fêtes à La Providence. Une aire de jeux était installée dans la cour. Des projections de films (sévèrement sélectionnés sans aucun doute), et la télévision y feront leur apparition. Un peu de champagne, offert par de généreux donateurs, était même servi aux plus âgées, dans les grandes occasions.

Champagne pour Noël ! (Col. AAAA)
 
      Une belle aire de jeux entre la cour et le parc (Col. AAAA)

Spectacle de danse écossaise donné par les pensionnaires en 1963 (Col. AAAA)

Dans un tout autre domaine, une crèche vivante réalisée par les enfants en 1966 (Col. AAAA).

Mais tout cela avait une fin : l'âge de la majorité, alors fixée à 21 ans. A cette étape de leur vie, un travail était proposé aux jeunes filles désormais munies d'un bon bagage. Leur éducation, leur moralité et leurs connaissances en matière de couture, de cuisine, d'entretien d'un intérieur, leur ouvraient largement des places de lingère, de cuisinière, d'employée de maison ou de "bonne" comme on disait encore au début du siècle dernier, dans les maisons bourgeoises de la ville, mais aussi des emplois dans les services municipaux ou autres.

Et puis c'était les fiançailles que certaines revenaient célébrer dans la chapelle de l'établissement, le mariage, les enfants, .... La Vie, quoi !

(1° octobre 2018)
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