La troisième escapade de notre série aura comme point de départ le vallon des Saulières dans la périphérie de Donzenac. C'est là que prennent naissance les sources qui ont défrayé le chronique pendant des décennies, voire, plusieurs siècles !
Redécouvrir les sources des Saulières n'est pas chose aisée, il faut les mériter. Lors de notre enquête sur place, nous avons d'abord suivi un vieux chemin qui par moments disparait dans les ronces, puis traversé des fils de fer
barbelés, un ruisseau encaissé et une prairie marécageuse. Nous ne nous sommes pas laissés intimider par quelque ancien panneau destiné à dissuader d'éventuels curieux de poursuivre leur recherche. De l'autre coté du vallon, nous avons exploré, mètre par mètre, le bas du coteau, en crapahutant à travers ronces, hautes fougères, arbres abattus par quelques tempêtes, et éboulis rocheux.
La récompense est venue.
La récompense est venue.
<=== Vue partielle du vallon des Saulières
Mise en garde dissuasive : ===>
"NE PAS ENTRER DANS LE PARC - TAUREAU MÉCHANT"
"NE PAS ENTRER DANS LE PARC - TAUREAU MÉCHANT"
Aux Saulières, nous avons en fait découvert 4 sources. L'une d'elles, avec un réservoir naturel dont le fond est tapissé de mousses vertes, ne fait visiblement pas partie des sources minérales que nous voulions retrouver. Une autre est plus intéressante, avec les dépôts très colorés qu'elle génère. Elle prend naissance sous un énorme roncier, mais pas la moindre trace d'une ancienne exploitation n'apparait. Les deux sources principales sont celles qu'en fait nous avons trouvées en premier, chacune tout au fond d'un long et étroit boyau creusé à ciel ouvert dans le roc.
Nous n'avons pas réussi à déterminer celle qui s'appelait "Source Émeraude" et celle qui portait le nom de "Source Saint-Guy".
Le boyau qui conduit au captage de la première source que nous avons découverte, vu du haut.
L'entrée et l'intérieur du boyau.
On approche du captage.
Sur la droite,
mangée par la rouille, la porte de fer qui autrefois en interdisait l'accès.
(Clichés JPC 28 août 2016)
L'entrée et l'intérieur du captage.
Le bassin est presque vide, et la source tarie : nous sommes au mois d'août, en période de très fortes chaleurs.
La couleur des parois et des dépôts est due à la composition non pas ferrique, mais siliceuse de l'eau.
A quelques dizaines de mètres de la précédente, nous arrivons à la deuxième source, tout aussi bien dissimulée par la végétation.
Pour la deuxième source,
le boyau d'accès est beaucoup moins long, plus large, mais tout aussi encombré.
La porte qui autrefois en fermait l'entrée a totalement disparu.
A l'intérieur,
seul un mince filet d'eau s'écoule d'un tuyau planté dans la roche. Il sera bien plus important lors d'une seconde visite effectuée un an après la première, le 3 août 2017.
(Clichés JPC
28 août 2016)
En hauteur, une sombre galerie s'enfonce dans
le rocher.
Une échelle métallique, elle aussi rongée par la rouille, permettait d'atteindre son niveau depuis le sol.
Nous n'avons pas tenté d'y aller voir !
Une littérature abondante a été consacrée aux Sources des Saulières, à la fois dans la presse d'époque (La Croix de la Corrèze, La Vie Corrézienne, Brive-Informations, ...), et dans le bulletin de la Société scientifique historique et archéologique de la Corrèze. Dans son tome 2 de 1879, déjà, ce dernier, publiait sous la signature de Philibert Lalande, le résultat d'une analyse de l'eau des Saulières où il apparaissait que contrairement à ce qui était admis jusqu'alors, elle n'était que faiblement ferrugineuse. Passons sur plusieurs autres publications au fil des ans -fort intéressantes- et sur d'autres, récentes et largement diffusées et rediffusées en 2015 et 2016, qui s'avèrent un brin fantaisistes.
De toutes, la meilleure publication sur le sujet est, à notre sens, l'étude de Léon Dautrement parue en 1973 dans le tome 95 du bulletin déjà cité (pages 260 à 264). A la fois fouillée et synthétique, elle exclut cependant certains éléments annexes ou sujets à caution. Nous allons la publier à nouveau dans son intégralité. Jusqu'à maintenant, seuls des extraits ont, çà et là, été repris.
Comme d'habitude, les images qui illustrent ce texte, et leurs légendes (en bleu), ont été intercalées par nos soins. Nous complèterons le travail de l'auteur par quelques commentaires, à partir de documents d'époque.
Comme d'habitude, les images qui illustrent ce texte, et leurs légendes (en bleu), ont été intercalées par nos soins. Nous complèterons le travail de l'auteur par quelques commentaires, à partir de documents d'époque.
BRIVE, STATION HYDRO-MINERALE ?
LES SOURCES DES SAULIERES
"Dans un frais vallon confinant aux communes d'Ussac et de Donzenac sourdent régulièrement de petits filets d'eau claire : ce sont les sources des Saulières, qui ont failli -voilà près d'un demi siècle- transformer la paisible ville de Brive (21 000 habitants "agglomérés" en 1930) en station hydro-minérale pendant l'été. L'action menée par de nombreuses personnes en faveur de la commercialisation de ces eaux, aux qualités thérapeutiques légalement reconnues, fait partie de l'histoire économique (et scientifique) de Brive. C'est pourquoi nous publions-en les résumant- quelques notes de notre collègue sociétaire, M. Pignol (hôte du Vialmur), propriétaire des sources, lequel regrette toujours que les municipalités brivoises successives ne se soient pas intéressées davantage à l'exploitation pratique des eaux des Saulières.
*
Localisation des Sources des Saulières sur la carte IGN 2134 O (Donzenac).
(cliquez sur l'image pour la rendre lisible)
Le chemin que nous avons emprunté pour y parvenir est indiqué à l'aide de pointillés rouges.
(cliquez sur l'image pour la rendre lisible)
Le chemin que nous avons emprunté pour y parvenir est indiqué à l'aide de pointillés rouges.
*
Une action de la Société Climatique de Brive et des Eaux des Saulières, dont Mr Pignol était Administrateur.
(Doc. delcampe.net)
Si l'on en croit cette carte publicitaire, l'eau des Saulières, aux multiples bienfaits,
était également vendue à Toulouse.
était également vendue à Toulouse.
(Doc. delcampe.net)
*
Mais déception ! Si l'Académie de Médecine a donné son autorisation pour exploiter les sources sur place, elle la refuse pour Brive, l'eau perdant ses qualités en parcourant les tuyaux de fonte.
La localisation de la "station thermale du Vialmur" (numérotée 82),
autrement dit le "kiosque des Aubarèdes" ou "le Casino",
autrement dit le "kiosque des Aubarèdes" ou "le Casino",
sur un plan de Brive de 1940 appartenant à notre complice M. V.
(cliquez sur l'image pour la rendre lisible)
Cette exceptionnelle photo du kiosque de dégustation des eaux des Saulières aux Aubarèdes à Brive,
surnommé par dérision "Le Casino",
provient de l'ouvrage "Bonnes Fontaines en Corrèze" publié en 1994 par
surnommé par dérision "Le Casino",
provient de l'ouvrage "Bonnes Fontaines en Corrèze" publié en 1994 par
l' "Université du 3° Age de Brive et sa Région",
devenue "Université de Tous les Ages et du Temps Libre" (UTATEL). Elle en a l'entière propriété.
devenue "Université de Tous les Ages et du Temps Libre" (UTATEL). Elle en a l'entière propriété.
(Autorisation de reproduction du 15 avril 2017).
*
Le kiosque des Saulières, aux Aubarèdes, à Brive, vu d'avion, avant sa démolition :
c'est le bâtiment en forme de cible, en haut à droite de la photographie,
c'est le bâtiment en forme de cible, en haut à droite de la photographie,
au bout de l'actuelle impasse Armand Galin.
Les annotations ont été ajoutées par nos soins (cliquez sur l'image pour la rendre lisible).
Il s'agit d'une photo aérienne du 5 janvier 1947, que nous avons captée sur l'application "Remonter le Temps" proposée par l'IGN (cliché 24).
Léon Dautrement
A part les éléments présentés en ouverture de notre article, il ne reste aux Saulières, en 2017, rien des structures qui autrefois y avaient été installées. Si, peut-être : un regard en béton bien caché dans les herbes de la prairie, à quelques dizaines de mètres de l'entrée du boyau conduisant à la deuxième source que nous avons découverte. Et puis une mini retenue où l'eau de la source arrive toujours par un ancien tuyau; un captage artisanal permet d'alimenter une vieille baignoire qui sert d'abreuvoir à un troupeau de vaches qui paissent aux alentours ! La baignoire en guise d'abreuvoir ? Un classique dans le paysage des campagnes corréziennes !
Et à Brive, aux Aubarèdes, au bout du boulevard Gabriel Péri et de l'impasse Armand Galin, une superbe villa a remplacé le défunt Kiosque des Saulières.
La presse locale nous permet d'en savoir un peu plus sur cette aventure des Sources des Saulières. Ainsi, si Mr Pignol a souvent déploré que les différentes municipalités de Brive n'aient pas voulu s'engager dans l'affaire, La Croix de la Corrèze - peut être le Canard Enchaîné ou le Médiapart de l'époque - nous révèle que le Maire de Brive, Henri Chapelle, l'était largement, à titre privé. Ainsi le kiosque des Aubarèdes aurait été construit sur des terrains lui appartenant, et il aurait été compromis dans la réalisation des travaux. C'était dans le numéro 2318 du 6 février 1938.
(Doc. AD 19 - cote 68Pr 35)
Avouons que nous n'avons pas retrouvé les compte-rendus d'audiences dans la presse et que nous ne savons pas ce qu'il en est exactement. Par contre, aux archives départementales nous avons retrouvé la trace d'une intervention écrite du Maire de Brive, faisant suite à une demande adressée au Préfet par ce même Mr Pignol, afin que l'exploitation des Sources des Saulières soit déclarée d'utilité publique.
(Doc. AD 19 -
cote 2O 237)
(Cliquez sur les images pour les rendre à peu près lisibles)
En 2013, notre compatriote Michel Peyramaure a écrit dans son "Brive, un art de vivre", après avoir rappelé en quelques lignes la mésaventure des Sources des Saulières (page 107) : "Il s'ajouta à cet insuccès une affaire de malversations concernant des questions immobilières. Si, en 39, la guerre n'avait éclaté, nous aurions connu une grosse affaire judiciaire. Il ne restait de cette histoire d'eau que le pavillon; il a disparu comme un mauvais décor de théâtre".
Y aurait-il dans ces trois phrases sibyllines matière à établir un rapport quelconque avec l'article de La Croix que nous avons cité plus haut ? Rien ne permet de l'affirmer ! Mais la coïncidence des faits rapportés est troublante.
Dans le même numéro, la Croix de la Corrèze a la bonne idée d'illustrer son article d'une photographie dans son entier du kiosque des Aubarèdes.
(Doc. AD 19 - cote 68 Pr 35)
*
Tout n'est en fait pas aussi clair que nous l'avons relaté dans la localisation des sources des Saulières. Certains auteurs ou journalistes évoquent, en les rattachant aux Saulières, une source, dite du Prieuré fournissant 26 litres d'eau à la minute, et une autre dite de Saint Jean ou de l’Émeraude donnant 13 litres d'eau à la minute, la première prenant naissance, au lieu-dit Les Griffons, sur la commune d'Ussac. Mais ils ne fournissent aucun autre détail, sauf à souhaiter que la station de dégustation soit installée aux Griffons, un endroit que nous n'avons pas réussi à localiser. Nous avons par contre trouvé trace, au nord-est de la commune d'Ussac, d'un lieu-dit portant pour nom "La Saulière" où se trouvaient autrefois un prieuré et une source minérale ! !
Notre sujet n'a certainement pas tout éclairci et il reste bien des choses à re-découvrir aux Sources des Saulières et alentours....
(1° octobre 2017)
LA COPIE DES TEXTES ET DES DOCUMENTS PUBLIÉS
SUR CE SITE N'EST EN GÉNÉRAL PAS AUTORISÉE.
SUR CE SITE N'EST EN GÉNÉRAL PAS AUTORISÉE.
(VOIR LES CONDITIONS DÉTAILLÉES DE RÉUTILISATION
DU CONTENU EN PAGE D'ACCUEIL)
DU CONTENU EN PAGE D'ACCUEIL)
POUR LES CAS PARTICULIERS, VEUILLEZ CONTACTER LE WEBMESTRE.