- Obsèques d'autrefois à Saint Martin


Nos deux complices, Maryse Chabanier et M. V. sont, chacun de leur côté, entrés en possession de documents liés aux obsèques, déjà anciennes, de deux prêtres décédés alors qu'ils exerçaient leur ministère à la collégiale Saint-Martin. Ainsi Maryse possède désormais une photographie prise devant l'église, alors que se formait le cortège de l'abbé Montintin, vicaire de la paroisse, vers sa dernière demeure. Nous avons retrouvé des renseignements sur la vie et la mort de ce prêtre, ainsi que des photos supplémentaires, au cours de nos recherches aux Archives départementales (Doc. La Croix de la Corrèze n° 2104 et 2105 des 21 et 28-1-1934 - AD 19 cote 68Pr 31). Michel quand à lui, a pu acquérir une biographie imprimée du Chanoine Bouillac, curé-doyen de Saint Martin, avec de nombreuses photographies, dont celles du cortège mortuaire.


 L’ABBÉ AUBIN MONTINTIN (1899-1934)


Léon Aubin Montintin est né le 3 août 1899 à Benayes (19). Ordonné prêtre à Tulle en juillet 1924, il a été professeur au petit séminaire d'Ussel pendant 3 ans, puis nommé vicaire à Lubersac en 1927, avant d'arriver à Saint Martin en 1930. Très apprécié en raison de son dynamisme, sa mort accidentelle a causé un immense émoi dans la ville de Brive.

L'abbé Montintin dans La Croix de la Corrèze

C'était un adepte de la moto. Ce mercredi, le 17 janvier 1934, il se rendit à Meuzac, en Haute Vienne pour voir sa grand-mère malade. Au retour il s'arrêta quelques instants dans sa famille à Benayes, puis reprit la route pour Brive où il avait prévu d'arriver vers 17 heures. A environ 5 kilomètres en amont de Donzenac, sur la commune de Sadroc, alors qu'il était déjà 17 heures, Mr Froidefond, conducteur de l'autobus Taurisson venant de Brive, découvre sa moto renversée sur le côté droit de la route. A trois mètres de là, avec d'autres voyageurs, il repère le corps de l'abbé, sans connaissance dans le fossé. A l'arrivée des secours, il avait cessé de vivre. Il n'avait pas encore 35 ans.

Les lieux de l'accident (Doc. La Croix déjà citée)
(Cliquez sur les images pour les rendre lisibles)

Les circonstances de l'accident resteront un mystère. On a envisagé une erreur de conduite, mais l'abbé était un excellent conducteur et connaissait parfaitement la route qu'il empruntait. On a pensé aussi à un choc avec une voiture venant en sens inverse, dont le conducteur se serait enfui après l'accident, mais sans pouvoir conclure.
Les obsèques ont eu lieu en présence d'une foule immense, et l'église Saint-Martin ne put contenir qu'une partie de l'assistance, dont une soixantaine de prêtres.

La foule devant la collégiale (Doc. La Croix, déjà citée)


Le cercueil sort de l'église - Le corbillard hippomobile est en attente.
(Col. Maryse Chabanier)


Le convoi funèbre se met en route pour rejoindre Benayes où l'inhumation doit avoir lieu
dans la tombe familiale (Doc. delcampe.net)

La Croix de la Corrèze donne quelques précisions : "Quand la Croix arrive au Pont Cardinal, le corbillard est encore aux Portes de Corrèze (bas de la rue Toulzac); toutes les devantures sont baissées; à tous les carrefours, des groupes visiblement émus".



 LE CHANOINE JEAN BOUILLAC (1891-1955)


Il était né à Tulle le 3 novembre 1891 et sera ordonné prêtre le 19 juillet 1914 au Carmel de Tulle.
En 1917 il sera mobilisé dans le cadre de la Grande Guerre et ira grossir les effectifs de l'armée d'Orient, décimée par les combats et la maladie. Rapatrié et démobilisé en 1919, il pourra alors poursuivre ses études et obtenir un doctorat de philosophie et un doctorat de théologie. Son ministère le conduira comme vicaire à Treignac, à Ussel, à Saint Sernin de Brive puis à la cathédrale de Tulle, ensuite comme curé à Varetz en 1938, et à Uzerche comme curé-doyen.
Le 28 novembre 1944, il est enfin nommé curé-doyen de Saint Martin et Archiprêtre de Brive.
Après une hémiplégie qui en 1951 réduira sensiblement ses capacités de travail, il décèdera au cours d'une sieste devenue indispensable, le 15 novembre 1955, à l'âge de 64 ans.
Le chanoine Jean Bouillac ===>
(Extrait de sa biographie - Doc. M. V.)



<=== Jean Bouillac, alors étudiant au séminaire français de Rome.





(Clichés extraits
de sa biographie. Doc. M. V.)










L'abbé Bouillac, alors que, curé d'Uzerche           ===>
et dégagé des obligations militaires, mais encore jeune et ardent, il s'est enrôlé sur les contrôles de l'aumônerie militaire, et à 48 ans, est parti comme aumônier de la 62° Division d'infanterie. Il sera fait prisonnier, mais rapidement libéré, rejoindra sa paroisse d'Uzerche.                                

Lisons le récit de la mise en place du cortège qui suivra la cérémonie religieuse de ses obsèques à laquelle avaient assisté plus de 100 prêtres venus de toute la région, et une foule immense. C'était le vendredi 18 novembre 1955.

".... Dans le meilleur ordre compatible avec cette foule, l'église se vide très rapidement et le cortège se forme pour accompagner les restes de celui qui, sortant du sanctuaire, traverse le parvis pour la dernière fois.
Les officiels sont appelés pour tenir les cordons du poële. Quatre draps mortuaires sont portés respectivement par les prêtres, quelques représentants des activités paroissiales, des amis et les anciens combattants. Quatre drapeaux précèdent le cortège avec les enfants des écoles derrière la Croix, tandis que le clergé constitue une imposante double haie qui précède immédiatement le char funèbre.

La sortie de l'église (Col. M. V.)

A la suite du corps, un coussin porte sept médailles dont la croix de la Légion d'Honneur. La famille, le clergé paroissial, la paroisse elle-même à laquelle s'ajoutent des délégations importantes et nombreuses constituent un cortège long et dense, tel qu'à Brive on n'en avait pas vu souvent.

Le cortège en route pour Tulle (Col. M. V.)
On notera que, par rapport aux obsèques de l'abbé Montintin,
le corbillard hippomobile a été remplacé par un fourgon automobile de couleur noire.

Par la rue du Docteur Massénat et le boulevard du Salan, cette foule recueillie accompagne l'Archiprêtre de Brive jusqu'à la place de la Guierle [...]. La dislocation se fait et c'est le dernier adieu. Mais de nombreux pèlerins du devoir vont accompagner le corps jusqu'à Tulle."

L'inhumation aura lieu dans la ville natale du défunt, dans le caveau de famille, au cimetière du Puy Saint-Clair.

  (18 septembre 2020)
      
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