A
partir des années 1800, les municipalités qui se sont succédées à Brive
ont eu à cœur de remodeler le noyau ancien de la ville, avec le
percement de voies nouvelles, tandis que les vieilles rues, particulièrement étroites et tortueuses pour
certaines, étaient élargies et rectifiées grâce à la servitude d’alignement.
La levée successive de six plans d’alignement entre 1811 et 1931 en
témoigne. L'une des conséquences des arrêtés d'alignement fut la
suppression des constructions en saillie. Ainsi, les propriétaires des
maisons dont les façades dépassaient les limites fixées ou bien celles
qui se trouvaient en encorbellement et en pans de bois avec remplissage
en torchis, étaient dans l'obligation de les reconstruire sur
l'alignement fixé : après destruction des façades anciennes, de
nouvelles façades, obligatoirement en pierre, étaient plaquées contre la
partie résiduelle de la maison ou de l'immeuble concerné. De
nombreuses maisons étaient aussi autrefois dotées d'un balcon extérieur
en saillie, avec un auvent et un escalier donnant directement dans la
rue. Les propriétaires eurent l'obligation de les supprimer et de les
remplacer par des escaliers intérieurs. Quelques
uns de ces escaliers échapperont cependant à cette mesure, parce que
situés dans des renfoncements de la voirie. En 2015, trois (au moins) subsistent
encore dans le centre-ville de Brive. Le service de l'Inventaire et du
Patrimoine culturel du Limousin a bien voulu nous en fournir des
photographies en noir et blanc prises entre 1992 et 2002. C'est parti pour une petite promenade dans Brive. * Nous
sommes pour commencer rue Majour, au numéro 8, dans la petite impasse
qui aboutissait autrefois à l'ancien couvent des Carmélites. <=== © RÉGION LIMOUSIN. Service de l’inventaire et du patrimoine culturel. Cliché Philippe Rivière 1992. Autorisation de reproduction du 1-10-2015. © RÉGION LIMOUSIN. Service de l’inventaire et du patrimoine culturel. Cliché Philippe Rivière 1992. ===> Autorisation de reproduction du 1-10-2015. Dans un article dont les références sont données plus bas, Martine Chavent, alors Conservateur du Patrimoine à la DRAC du Limousin, note la présence de portes charretières encore en place au niveau du soubassement, et précise que l’escalier à garde-corps maçonné et les portes de l’étage d’habitation sont contemporains de la construction du couvent, au XII° siècle. * Poursuivons notre promenade. Nous arrivons au numéro 4 de la rue Saint Grégoire, dans le quartier de la rue de la République, à proximité des boulevards. © RÉGION LIMOUSIN. Service de l’inventaire et du patrimoine culturel. Cliché Philippe Rivière 1996. Autorisation de reproduction du 1-10-2015. [...] la particularité, de cette maison urbaine, raconte Martine Chavent, est d’avoir
conservé, sur son perron construit en encorbellement sur des consoles, la
trace de sa pierre d’évier dont l’évacuation se faisait directement dans la
rue. Nous ajouterons, oh
surprise ! qu'il semble bien que l'immeuble voisin récent de gauche, ait
été construit dans l'alignement du vieil escalier qui devait
disparaître ! * Encore un peu de marche à pied. Nous sommes maintenant au 7 impasse des Échevins. Mais d'autres entrées de la bâtisse (qui abrite le bar à bières Le Watson) se trouvent aussi aux 20 et 22 rue des Échevins. © RÉGION LIMOUSIN. Service de l’inventaire et du patrimoine culturel. ===> Cliché Philippe Rivière 2002. Autorisation de reproduction du 1-10-2015. C'est toujours Martine Chavent qui commente : " en rupture complète d’alignement, [cette maison médiévale] était vouée à complète disparition par les plans successifs, y compris celui de 1931. Elle a été fortement altérée par des réfections de façade et l’ajout d’un étage supplémentaire. Cependant, sur son élévation la moins dénaturée, elle conserve les traces d’une série de baies jumelées, aujourd’hui obturées, datables du XIVe siècle, ainsi qu’un escalier extérieur d’origine, donnant accès, par une porte en cintre brisé [sur la droite en haut de l'escalier], à l’étage d’habitation. On peut ici supposer qu’une boutique était logée dans l’étage de soubassement, cette maison étant située dans un secteur anciennement commerçant". Ajoutons que la grande porte entre-ouverte est celle du presbytère de la paroisse Saint Martin. PLUS ENCORE :
deux documents du même auteur nous ont aidés à rédiger ce "BONUS"; nous
leur avons même emprunté quelques lignes. Vous y trouverez plein de très
intéressants renseignements complémentaires : 1 - de Martine Chavent, ouvrage édité en 2000 par Culture & Patrimoine en Limousin : "Brive-la-Gaillarde - Urbanisme et Architecture". 2 - de Martine Chavent, article publié en 2003 : « Formes rurales à l'épreuve des réglementations urbaines. L'exemple de Brive-la-Gaillarde (Corrèze)», Histoire urbaine 2/2003 (n° 8) , p. 57-68 URL : www.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2003-2-page-57.htm.
|