- le docteur Jean Bosredon (1878-1930) : digressions à partir de sa "maison de chirurgie"

Comme déjà pas mal d'images de notre site, la carte revêtue de la légende "Maison de chirurgie du Docteur Jean Bosredon" a été mise en vente sur Internet et achetée par notre complice Maryse, après avoir été localisée par notre autre complice M. V.; encore un exploit à mettre à son actif, tant les indices manquaient !




















Il s'agit d'une gravure. Le côté écrit nous donne la date de l'envoi de la carte : 12 octobre 1906; il est signé du docteur lui même.

(Col. Maryse Chabanier)




Alors, où sommes nous ? Cette grande bâtisse se situe dans le quartier de la gare, à l'angle de la rue Dumyrat et de la rue Célestin Lafeuille. Certains d'entre nous, les plus anciens, se souviennent de l'époque où elle était le siège de l'école de danse du réputé professeur et chorégraphe Alain Bénac-Bénachenou. D'ailleurs, tout en haut du mur de façade, des restes d'une enseigne lumineuse à son nom, faite de tubes néon, témoignent encore en 2019 de son activité passée, à cet endroit.






















(Cliché Maryse Chabanier)                                                                                        (Cliché JPC - 27-06-2019)

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Mais qui était le Docteur Jean Bosredon, dont une rue de Brive porte le nom dans le quartier de l'hôpital ? En voici déjà une photographie publiée au moment de son décès dans La République de la Corrèze (n° 7080 du 23-2-1930 - AD19 cote 62Pr 39).


Ses multiples initiatives novatrices, ses titres principaux et ses qualités sont résumés (très résumés !) dans la notice nécrologique que lui a consacré le Courrier de la Corrèze dans son numéro 48 du 18 février 1930.

(Doc. AD 19 - cote 130Pr 4)

Appel à souscription dans la presse pour soutenir financièrement les Galeries de repos de l'hôpital de Brive,
créées par le Docteur Bosredon. Elles étaient destinées à accueillir les mendiants, les vagabonds,
tous ceux que l'on appelle aujourd'hui les sans domicile fixe.
(Doc. Internet - origine inconnue)

On retrouve trace d'un autre de ses combats, dans -le croirez-vous ?- L’Écho d'Alger du 5 janvier 1929 (Doc.
Gallica/BNF). Même si l'article est un peu long, nous vous le livrons dans sa presque totalité. Il porte sur "le secours médical sur route".
"Le docteur Jean Bosredon, de Brive, vient de créer une œuvre particulièrement intéressante : "le secours médical sur route", qui ne manquera pas de réunir de nombreux adeptes dans le corps médical français, toujours prêt à donner de nouvelles preuves de son dévouement.
Voici comment le docteur Bosredon expose son projet :
"Jadis, au temps du grand roi, les médecins pouvaient être reconnus par leur costume : robe longue, chapeau pointu; plus tard, ce furent l'ample redingote et le gibus qui permirent de les distinguer du commun des mortels. Aujourd'hui, ils sont vêtus comme tout le monde.
Si vous avez un accident sur la route et que vous soyez blessé, vous ne pourrez pas savoir que l'homme qui pilote la voiture qui vous croise, et qui ignore que vous avez besoin de secours, pourrait, grâce à son art, vous porter aide immédiatement. C'est pourquoi j'ai pensé que ce serait faire œuvre utile que de demander aux médecins de munir leur voiture d'une marque distinctive, d'un fanion, par exemple, qui permettrait de reconnaître leur qualité".
Le docteur Bosredon s'est empressé de donner lui-même l'exemple. Il a muni le bouchon du radiateur de sa voiture d'une flamme blanche bordée de rouge, portant une croix rouge avec les quatre lettres S.M.S.R. -secours médical sur route- disposées entre les croisillons.
Mais en attendant que son système se généralise, le docteur Bosredon souhaiterait que les automobilistes prissent quelques précautions pour être en mesure de porter eux-mêmes secours aux blessés lorsqu'un accident se produit.
En premier lieu, recommande-t-il chaque voiture devrait emporter un minimum d'objets de pansement; il suffit de bien peu de choses qui tiendront une toute petite place dans les coffres qui habitent plus que le nécessaire pour le moteur, l'éclairage, les roues, etc.
"Ne pensez-vous pas que la carcasse d'un humain devrait faire l'objet de la même vigilance ?
Quelques bandes de toile, de la gaze, de la teinture d'iode, du diachylon caoutchouté. C'est peu, me direz-vous, mais cela suffit à une personne avisée pour se tirer d'affaire avec les plaies, les hémorragies. En cas de fracture, on a vite improvisé des écharpes avec des serviettes, des attelles avec des bouts de bois". [...]

Martial Zacharie Jean Bosredon, dit Jean Bosredon, était né à Brive le 12 janvier 1878. Après de très brillantes études, bardé de diplômes, il était revenu s'installer dans sa ville natale, où on ne tardera pas à l'appeler "le médecin des pauvres". Il s'était marié à Tulle en 1896 avec Jeanne Marchand dont il a eu une fille. Il est décédé dans notre ville le 15 février 1930, à la suite d'une longue maladie. Ses obsèques ont été célébrées le mardi 18 en l'église Saint-Sernin de Brive, et l'inhumation a eu lieu l'après-midi même dans le caveau familial du cimetière de Mansac (19), commune dont la famille était originaire du coté paternel.

Acte de naissance du Docteur Jean Bosredon (Doc. Archives municipales de Brive/Internet)

Pour nos lecteurs adeptes de généalogie, et dans le cadre de nos digressions, ajoutons que Jean Bosredon était fils de Noémie Taguet et de Zacharie Bosredon (1839- 1911), lui-même médecin et docteur en pharmacie.

La pharmacie Bosredon se situait à l'angle de la Grand Place (place Charles de Gaulle) et de la rue Majour, à l'endroit où l'on a plus tard connu les chaussures Ardillier et où un opticien est aujourd'hui installé (l'immeuble a été partiellement détruit par un incendie en juillet 2019).

Une facture de la pharmacie Bosredon, du 16 octobre 1886 (Doc. delcampe.net)

Notons que plusieurs autres membres de la famille Bosredon ont exercé les professions de médecin ou de pharmacien, y compris à Brive (rue Toulzac). D'autres ont été "marchands".

Il semble que Jean Bosredon ait présenté un certain nombre de causeries médicales très appréciées, qui par la suite ont été publiées. Il aurait aussi été l'auteur de quelques autres publications, soit individuellement, soit en collaboration, telles que "Valeur thérapeutique des injections sous-cutanées de phosphate de soude" (1895). Mais dans ce domaine, il faut être très prudent, Jean étant parfois amalgamé avec un de ses frères, Romain Désiré Léon né en 1880, médecin de la marine domicilié à Bordeaux.

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TERRIBLE CAS DE CONSCIENCE POUR LE DOCTEUR JEAN BOSREDON :
PEUT-ON TUER PAR PITIÉ ?

Alors qu'il était encore jeune médecin, le docteur Bosredon s'est trouvé confronté à un terrible cas de conscience. C'était en décembre 1908, à l'occasion de la catastrophe ferroviaire du tunnel du Pouch (nous l'avons présentée dans notre site sur la Corrèze ici : CLICK ). Il avait été parmi les premiers à intervenir sur place, en compagnie d'autres confrères médecins brivistes, les docteurs Priolo, Bonnamy et Lagorse.
La situation à laquelle il a dû faire face lui a valu une image A la Une du supplément illustré du Petit Journal, en date du dimanche 3 janvier 1909. Il y est représenté au centre.

(Doc. Internet)

Le récit de cette horrible situation et les commentaires qu'elle entraine se trouvent à l'intérieur du journal.









(Doc.
Le Petit Journal Illustré
du dimanche
3 janvier 1909
consulté sur gallica.bnf.fr)





















... Suit un très long développement, que nous vous épargnerons, sur un sujet, qui de nos jours reste plus que jamais d'actualité, l'euthanasie dans le domaine médical.


Notons que d'autres sources attribuent cette mort atroce, non pas au chauffeur du train tamponné, Mr Lefort , mais au mécanicien, Mr Pistre, de Limoges.

(18 septembre 2019)
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