François Dedenis a produit
des accordéons à Brive depuis la fin des années 1800 jusqu'à sa mort en
1933. Au fur et à mesure que son affaire se développait, il s'installait
dans de nouvelles usines, toujours plus grandes. La dernière dont les
bâtiments qui subsistent aujourd'hui s'ouvrent sur la rue Jean Fieyre,
s'étendait sur 2000 mètres carrés et employait une centaine d'ouvriers.
Une plaque commémorative a été apposée sur la façade le 16 mars 1998. A l'origine
l'entrée principale se faisait par le rue de Selve : la grande cour
d'accueil est maintenant mangée en grande partie par des constructions
récentes.
C'est aujourd'hui un bâtiment communal qui accueille
les syndicats, depuis qu'ils ont quitté la "maison du peuple", l'ancien
collège des Doctrinaires, lorsque le vieux bâtiment fut choisi pour
devenir le nouvel Hôtel de ville de Brive.L'ancienne usine Dedenis photographiée en mars 2011 (Cliché JPC)
Pour en savoir plus sur l'histoire des accordéons
Dedenis, on pourra consulter le site qui leur est consacré sur Internet,
en cliquant sur le lien suivant : http://jeanluc.matte.free.fr/articles/typologie/dedenis.htm
LES GROUPES "MAISON" D’ACCORDÉONISTES (Doc. delcampe.net) Les accordéonistes "maison", constitués en
plusieurs formations suivant les époques, entourent le chef de musique au centre, le même personnage sur tous les clichés, Monsieur Suhit, chef de fabrication à l'usine, mais aussi ancien élève du Conservatoire.Voici
une sixième carte postale, très voisine des précédentes :
(Col. Maryse Chabanier)
Mais
ce dernier cliché est tout à fait exceptionnel. En effet, le patron
lui-même, François Dedenis est venu poser, rompant avec sa discrétion
habituelle : c'est le petit bonhomme au chapeau rond, à la droite du "Chef", Mr Suhit.
C'est la seule fois que nous le verrons ainsi. Il décèdera en février
1933. Le chef d'atelier, Mr Belony assurera sa succession pendant
quelques années, jusqu'à la fermeture définitive de l'usine en 1939.
François Dedenis
ET LES ARTISTES "MAISON" (Doc. delcampe.net) Le jeune prodige Jacques Martin sur accordéon Dedenis
Jeannot Blin, virtuose accordéoniste, à 6 ans
La jeune artiste Fernande Martin, toujours sur
accordéon François Dedenis ======>
Carte publicitaire de la Maison Dedenis
(Doc. Archives municipales Brive)
"BONUS 1"
DE NOUVELLES IMAGES DE L'USINE DEDENISNotre complice Maryse
Chabanier nous a confié une nouvelle image inédite de l'usine Dedenis, qui, de plus, lui est
particulièrement chère. Et puis, un autre
document -rarissime- a surgi au moment même où nous mettions ce sujet en
ligne.
La photographie de Maryse date du tout début des années
1930. Elle montre un des ateliers de la dernière des usines Dedenis, celle
de la rue Jean Fieyre, construite en 1926. Elle devrait ravir les
nombreux brivistes dont le père ou la mère, le grand-père ou la
grand-mère, ont travaillé là : une centaine d'ouvriers était alors
employée à la fabrication des accordéons.
Nous sommes dans
l'atelier de montage, un des derniers de la chaine de fabrication : des
accordéons pratiquement "finis" sont posés sur les tables. Il ne restera
que la décoration et l'accordage des instruments à effectuer, avant
leur expédition.
Les ouvriers sont en blouse, mais portent la
cravate. Le personnage en costume, que l'on remarque
dans l'allée centrale, est peut-être bien un contremaître ou le chef
d'atelier. Dans le fond, des bureaux sont réservés aux "administratifs"
de la maison. Sur l'un d'entre eux, on arrive à lire l'inscription
"CAISSE".
La très jeune femme qui s'affaire en bordure de
l'allée centrale est tout simplement Odette Michaudel-Espinat, la maman
de Maryse Chabanier. Elle était employée
chez Dedenis comme secrétaire-comptable et avait rejoint l'atelier pour
la photographie. Elle y restera jusqu'à la fermeture de
l'établissement en 1939, à la suite de la déclaration de guerre.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir (Col. Maryse Chabanier)
Ce
qui frappe particulièrement, c'est la taille des locaux de travail : la
place n'y manque pas. Et puis aussi la propreté et la clarté de
l'atelier : de vastes fenêtres éclairent de grandes tables de travail.
La
sécurité des ouvriers semble aussi être un des soucis du patron, si
l'on en croit les recommandations largement prodiguées sur les poutres
transversales du plafond. On notera leur formulation : pas
d'interdiction formelle, et à la fin, les 3 lettres SVP !
Cette image est aussi l'original d'un cliché qui a été reproduit en grand format
dans un catalogue de la maison, largement diffusé en France et à
l'étranger. C'est là qu'intervient Yves Robic, un passionné, grand
collectionneur d'accordéons Dedenis et de toute la documentation qui s'y
rapporte. Il a bien voulu nous transmettre le scan des pages de ce
document devenu introuvable, et nous autoriser à les publier. En voici
quelques unes, parmi les plus intéressantes.
<=== La couverture du catalogue (Col. Yves Robic)
Extraits de quelques lettres de félicitations ===> (Col. Yves Robic)
Cliquez sur les images pour les rendre lisibles
LES LETTRES DE RECOMMANDATION INCLUSES DANS LE CATALOGUE
<=== Celle du Maire de Brive, Henri Chapelle (Col. Yves Robic)
Celle du Président de la Chambre de commerce, Joseph Escande (Col. Yves Robic) ===>
QUATRE EXEMPLES, PARMI DES DIZAINES, DE LA PRODUCTION DEDENIS
(Col. Yves Robic)
Mais la plus belle page du catalogue, qui complète à merveille la première image de notre sujet, est celle de l'atelier de menuiserie :
Installé au même étage que l'atelier de
montage, rien ne le distingue d'un autre atelier de menuiserie de
l'époque, avec ses établis, ses outils à bois, ses presses... Tout se
faisait à la main. Une particularité cependant : la haute technicité des
ouvriers.
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"BONUS 2"
LE CHAR DE LA MAISON DEDENIS La
carte que nous vous présentons maintenant est également un document inédit. Elle a été acquise en
mai 2013 par Maryse Chabanier. Certes le
cliché de base n'est pas d'excellente qualité, mais il va nous permettre
quelques digressions qui nous replongeront dans l'ambiance des grandes
fêtes de Brive d'autrefois. Il nous présente un char fabriqué par la
Manufacture d'accordéons Dedenis, qui a défilé dans Brive à l'occasion
des fêtes de la ville de 1922.
(Col. M. C.) LE CONTEXTE
La
guerre est déjà loin. En cette année 1922, les brivistes ont envie de
faire la fête, une fête grandiose comme ils les aiment, et comme ils
savent les organiser, avec le concours de toute la population.
Ils
ont vu grand, nos anciens, pour ces fêtes qui dureront 3 jours, les 25,
26 et 27 août, 3 jours de véritable liesse. Ce sera tout d'abord la
fête de l'agriculture, avec une vaste exposition sur la Guierle. Il y
aura aussi un envol de ballon, des défilés de musique, des
démonstrations de gymnastique avec La Gaillarde, des concerts dans les
jardins de la Guierle, un concours de vitrines pour les commerçants, des
illuminations nocturnes, et puis aussi une immense cavalcade, et de
nombreuses autres animations. Les personnalités étaient présentes en
nombre : Mr Chéron, Ministre de l'agriculture, Mr de Lasteyrie, ministre
des Finances, venu en voisin depuis son château de Lissac, juste à la
limite de Brive, Mr Coltrat, sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du
Conseil, Messieurs Ricard et Boret, anciens ministres de l'agriculture,
tous les députés et sénateurs du département, et même au delà, ainsi que
tous les autres élus locaux. A coté des représentants de la
République, les Reines du département étaient également de sortie,
accompagnées de leurs demoiselles d'honneur : celle de Brive, tout
d'abord, celle de l'Agriculture, celle de Tulle, celle d'Ussel, et celle
de la Musique. Toutes défileront sur des chars différents.
L'exposition
agricole verra se presser plus de 15 000 visiteurs : ce nombre
correspond aux billets imprimés et vendus en totalité; après, tous ceux
qui se présenteront pourront entrer gratuitement. La cavalcade
partira le dimanche de la caserne Brune et défilera dans tout Brive en
vagues successives. L'hebdomadaire La Croix de la Corrèze qui relate en
détail ces manifestations raconte que certaines rues, prévues dans le
parcours, seront pourtant oubliées, provoquant les protestations de la
population. Parmi les chars on trouve celui de la Reine de Brive, celui
du 126° RI, celui des boulangers et pâtissiers de la ville, le char de
la Reine de l'Agriculture, trainé par 4 bœufs aux cornes d'or, et bien
d'autres. Sans oublier bien sûr le char de l'accordéon trainé par deux
chevaux à robe blanche : c'était celui de la Maison Dedenis. Le
journal ne publie pas de photos de ces manifestations. On y trouve par
contre les portraits des personnalités présentes, et des différentes
Reines, portraits réalisés en studio, certains par Mr Beynié.
Et
cela nous ramène à l'exceptionnelle carte postale qui débute notre
encadré. On y devine les accordéonistes et autres musiciens, vers
l'avant, dans la partie la plus basse du char. La Croix nous est par
contre bien utile pour identifier les personnages qui se situent en
partie haute, vers l'arrière. Voici une des photographies de studio publiées dans le journal :
Ce cliché nous permet d'affirmer, sans
grand risque d'erreur, que les passagers arrières du char Dedenis sont
des passagères : la reine de la musique (qui par ailleurs travaillait chez Dedenis) et ses deux demoiselles
d'honneur, avec, en mains et sur la tête, les attributs de leur
fonction.
Un autre point nous a tout de suite tracassé en examinant la carte de M. C. : la localisation du char.
LA LOCALISATION DU CHAR DEDENIS
"Impossible de le localiser" : telle est la première réaction de tout un chacun qui examine le document. Et pourtant, notre "Expert maison", M. V. l'a fait. Un véritable exploit ! Il
a réussi un rapprochement du cliché avec d'autres cartes postales
anciennes, qui, elles, sont parfaitement localisées. Voici la première,
qui figure par ailleurs sur notre site :
Si nous examinons les deux images après
agrandissement, on trouve bon nombre d'éléments strictement identiques :
un mur de clôture, à gauche, avec l'angle coupé, et un rebord en
pierres plus larges, au sommet; la hauteur du mur que l'on peut estimer
par rapport aux personnages; l'arbuste derrière le mur qui dissimule une
fenêtre; des poteaux électriques doubles;
le trait noir sur le mur de la maison, certainement un tuyau
d'évacuation, qui dépasse le mur de clôture dans sa partie en biais, et
qui monte jusqu'au niveau de
la fenêtre cachée par l'arbre. Peut-être d'ailleurs pourrez-vous encore trouver quelques détails complémentaires pour servir de preuve. Sur
cette autre superbe carte de M. C., qui constitue le deuxième volet de la preuve
que M. V. nous livre, on distingue tout au fond du bâtiment de gauche,
la vieille porte en bois qui se trouve à l'extrême gauche du premier
cliché : nous avons là, en sens inverse, une vue parfaite de la configuration des lieux à cette
époque.
Pas de doute donc : nous sommes à
l'angle de l'avenue de Paris et du boulevard de Corrèze, aujourd'hui
boulevard Général Koënig, à l'emplacement des magasins Malaval et
Brossard, devenus au cours des temps Escande et Brossard, puis Les
Nouvelles Galeries, et actuellement Les Passages de Brive.
En fait, la construction avec les six arcades est toujours debout de nos
jours. Le local avec la porte en bois à deux battants a par contre été démoli pour laisser
place au bâtiment qui fait angle avec l'avenue de Paris. Une vue de 2010 (Cliché Google)
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