Paul Edmond Girardin était un photographe briviste réputé. D'origine suisse, il exerçait son art dans sa boutique située boulevard du Palais, juste en face du tribunal. Les débuts de la guerre 1914/1918, à une époque où les rumeurs allaient bon train, seront pour lui un moment difficile à passer.
Edmond Girardin avait son magasin installé à l'emplacement où apparait sur cette carte plus récente,
le bar-restaurant de Maurice Cueille, "A la Chope du Palais" (Doc. delcampe.net).
le bar-restaurant de Maurice Cueille, "A la Chope du Palais" (Doc. delcampe.net).
Notre ami le lieutenant P. découvre le photographe, l'amène par le jardin et l'enferme à la gendarmerie pour que la populace ne le lynche pas. Le premier adjoint harangue la foule et l'engage de se retirer, mais deux mille personnes persistent à attendre l'espion, et quelques forcenés, grimpés sur une maison en construction, tiennent des briques toutes prêtes. Une femme crie dans la foule : " Je veux l'assommer avec mon parapluie, il a tiré le portrait de mon mari pour l'envoyer à Berlin."
Carte commerciale d’Edmond Girardin (Doc. delcampe.net)
Cependant, la foule qui bientôt occupe tout le boulevard continue de crier et de devenir menaçante. Un réserviste remarquant, dit-on, son propre portrait à la devanture du photographe, dit ne pas vouloir laisser son image chez un espion, et d'un coup de pied il enfonce la vaste glace. D'autres personnes ont envahi la maison et y causent pas mal de dégâts; elles brisent notamment une armoire à glace.
La sous-préfecture, la police et le parquet ont été prévenus. M. le sous-préfet, M. le commissaire de police, M. le commandant Collet qui participe à la police de la place, par suite de l'état de siège, M. le procureur de la République, arrivent et opèrent une perquisition dans l'immeuble du photographe; ils ne trouvent rien de compromettant.
Cependant, la foule continue d'assiéger la maison. A deux reprises M. le Commandant Collet et M. le capitaine de gendarmerie interpellent les assiégeants, les invitant au calme, leur affirmant que M. Girardin n'est pas coupable. C'est seulement tard dans la soirée que la foule finit par se disperser.
A minuit, M. Girardin et sa sœur qui était allée le rejoindre, quittent la gendarmerie et vont passer la nuit dans une autre maison de la ville.
Pas de paysages, de manifestations ou de bâtiments du patrimoine briviste, semble-t-il.
A cette heure l'élan patriotique de la population est magnifique; la misérable querelle que nous cherchent les allemands provoque la juste indignation de tous; on comprend dès lors que la foule soit sans pitié pour les espions qui feraient parmi nous la criminelle besogne des ennemis; mais il ne faut pas voir des espions partout et c'est une raison de plus pour ne pas accuser un citoyen de se livrer à l'espionnage sans avoir eu la preuve.
Défions-nous de l'emballement irréfléchi et des fausses nouvelles.
A la suite de ces incidents relatifs à l'affaire Girardin, M. Léon ... du 95° territorial, négociant à Brive, a été condamné par le tribunal correctionnel à 6 jours de prison avec sursis pour bris de clôture. Le bénéfice de la loi du sursis a été accordé à M. L... en considération de sa situation militaire, son régiment devant partir le 5 août. Un autre manifestant de 16 ans a été acquitté, comme ayant agi sans discernement. D'autres manifestants sont recherchés et vont être interrogés et poursuivis. "
(15 mars 2019)
Paul Edmond Girardin, souvent prénommé par erreur Émile ou même Édouard, est né à Cornaux dans le canton de Neuchâtel en Suisse le 8 août 1878. Il est décédé à Toulouse en 1968.
Une bonne partie de sa carrière de photographe s'est déroulée à Brive, dans son studio du boulevard du Palais. Il a ensuite rejoint Tarbes (Hautes Pyrénées) où son fils Jean Baptiste Paul André s'était également installé comme photographe.
On trouve mention de sa naturalisation française dans le Journal Officiel du 21 avril 1924, à la page 8690.
Les photographies qui suivent nous ont été offertes par son arrière-petit-fils, Patrice Girardin et sont issues des archives familiales. Elles ne concernent pas Brive.
Portrait réalisé par son fils, également photographe ===>
et une personne non identifiée (sœur, domestique ou amie ?).
Son premier mariage à Périgueux avec Marie Louise Madeleine
Benoit,
décédée en 1905.
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Il est ici avec sa mère et sa fille Paule en 1933.
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(Mai 2020)